right of reply to the article published in arrêt sur images on 5/09/2022

Lire l’article d’Arrêt Sur Images “Planning Familial : les anti-trans, “cautions progressistes” des réacs” avec insertion de notre droit de réponse.

Notre droit de réponse a été publié dans Arrêt sur Images.

Cet article nous attaque de façon fallacieuse en jouant sur le discrédit par association et les sophismes. Il repose sur des informations sorties de leur contexte, quand elles ne sont pas parcellaires, et répond à un unique objectif : compromettre nos réputations en nous associant à l'extrême droite jusqu'au "fascisme", que nous combattons sans faillir, plutôt que de répondre à nos arguments. 

Ce texte, sous l'apparence d'une enquête multipliant les liens hypertextes et les citations, consiste en réalité en une somme d'accusations infondées égrenées notamment par des témoignages tous recueillis auprès de transactivistes, qui nous sont notoirement défavorables, et ce dans l'unique but de le faire pencher dans le sens vraisemblablement voulu par son autrice. C'est parce que ce biais transparaissait déjà de manière évidente dans les questions qui nous ont été adressées et compte tenu du délai particulièrement court qui nous avait été imparti pour y donner suite, que nous n'avions pas jugé possible d'y répondre.



Le fil conducteur de cet article, qui consiste, dès son titre, à nous présenter comme étant "anti- trans", est dénué de tout fondement et nous le récusons. Aucun de nos écrits n'exprime ni ne traduit un rejet des individus transsexuels et du droit de chacun à l'égalité. A cet égard, nous envisageons de saisir la justice de cette imputation infondée et que nous ne pouvons accepter.

Ce que nous assumons parfaitement, c'est la critique des dérives du transactivisme, de l'idéologie qui lui est sous-jacente et la dénonciation de leurs conséquences pour le combat féministe dans lequel nous nous sommes, chacune depuis longtemps, engagées. Notre constat c'est que la lutte féministe s'est vue se fragmenter et s'affaiblir à mesure que certains transactivistes nous ont enjoint de nous censurer, y compris dans l'usage du terme même de "femme".  En réaction, nous avons choisi, au contraire, de défendre le femellisme.


Être femelliste, c'est se battre contre le sexisme, c'est-à-dire contre les oppressions que subissent les femmes en raison de leur sexe : féminicides, violences sexuelles, violences obstétricales, restriction du droit à l'avortement, excision, GPA, écarts de salaire, manque de représentation en politique et dans les médias, etc.

Il est plus aisé de tenter de nous disqualifier en nous traitant abusivement de transphobes, quand d'autres nous traitent déjà de TERF, plutôt que de nous contredire sur le fond. Il est plus facile de tenter de nous discréditer par une argumentation procédant par association plutôt que de répondre sur les faits et sur nos écrits. Enfin, il est plus commode de nous annuler en procédant par réductio ad hitlerum plutôt que d'entamer un débat que nous appelons de nos vœux.

Ces procédés ne sont évidemment pas sans conséquences sur nos vies personnelles, professionnelles et militantes puisque nous sommes déjà quotidiennement harcelées et menacées et avons été violemment prises à partie, y compris physiquement, par les activistes que nous critiquons, ce qu'omet malheureusement de mentionner l'article.

Notre opposition à l'idéologie de l'auto-détermination qui voudrait que n'importe quelle personne qui se déclare femme soit considérée comme telle ne se réduit ni à la transphobie, ni à l'extrême droite. Notre combat est foncièrement universaliste et nous sommes tout à fait ouvertes à la discussion sur ce qui nous conduit à le penser et à l'exprimer tel que nous le faisons, en priorité avec ceux qui ne partagent pas nos opinions.

Or, la philippique de Pauline Bock vise au contraire à nous tenir écartées du débat plutôt que d'y contribuer. A ce titre, l'on doit à la vérité et à l'honnêteté quelques égards, et, entre autres évidences :

- Discuter avec une personne ou la citer ne revient pas à épouser l'exhaustivité de ses points de vue.
- Nos positions largement exprimées et assumées pour la constitutionalisation du droit à l'IVG, pour le partage des tâches domestiques, pour la reconnaissance de la Shoah, contre l'antisémitisme, pour l'accueil des réfugiés, pour le mariage gay et lesbien sont antinomiques avec l'extrême-droite et le fascisme.
- Nous présenter comme des idiotes utiles ayant prêté allégeance à d'autres hommes, pêle- mêle, des élus RN, des complotistes, des masculinistes, de l'extrême-droite, de la Manif pour tous, des anti-avortements, des néo-nazis, révèle un argumentaire étonnamment "genré", voire misogyne.
- Dora Moutot a appelé les sénateurs à "éclaircir la notion d'identité de genre". Dans sa lettre, elle explique pourquoi certaines transitions peuvent s'apparenter à des thérapies de conversion de personnes homosexuelles. La lettre entière est disponible ici.
- La simple écoute de la totalité du passage dans lequel l'expression "excision psychique" a été employée permet aisément de comprendre qu'il ne s'agit absolument pas "de défendre un discours très conservateur et essentialiste sur les questions de contraception et d'avortement" et le lien hypertexte met sciemment de côté le passage dans lequel Dora Moutot affirmait juste sans équivoque "soyons claires, je suis pour la contraception et l'avortement". La vidéo est disponible ici.


Finalement, faut-il faire de la compartimentation de la société et de ceux qui la compose une condition du débat : d'un côté les trans, de l'autre les "cis", d'un côté les "racisé-x-es", de l'autre les blanc-x-hes, d'un côté ceux et celles avec qui l'on est d'accord, de l'autre les "anti-trans", etc. ? Il nous semble que de telles étiquettes entravent davantage la réflexion plutôt qu'elles ne l'alimentent et tuent à petit feu le vivre-ensemble auquel nous aspirons.

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right of reply to the article published in liberation on 12/09/2022