Comment le transgenrisme et la culture queer invisibilisent l'homosexualité.

Sur les réseaux sociaux, nous avons remarqué que cette année, la Gay Pride de Paris avait été décriée par beaucoup de personnes de la communauté LGB et T : la division stricte des cortèges, l’absence de chars pour des raisons écologiques, etc… apparemment ça n’était pas très fun. Au-delà du fun, d’autres choses dérangent Alexandre K. (le prénom a été modifié) qui nous a contacté afin de s’exprimer sur les dérives au sein de son propre milieu.


C’est en discutant, l’année dernière, avec ma meilleure amie que l’on s’est rendu compte que quelque chose clochait réellement. Sollicités de toutes parts par notre entourage pour célébrer la Pride 2022 à Paris, et sans franche envie d’y participer, nous nous sommes retrouvés incapables de justifier notre manque d’enthousiasme : on ne voulait pas y aller, sans trop savoir pourquoi.

Un espèce de malaise s’était installé entre nous et la communauté LGBT, ce qui parait surprenant considérant que notre entourage y est très attaché et que mon amie est strictement lesbienne, et moi-même suis strictement gay.

Nous avons discuté un peu de tout ça, jusqu’à ce qu’une ébauche d’idée s’impose : la Pride, et par extension, le mouvement LGBT(QIA+…) n’incarne en rien notre manière personnelle de vivre notre sexualité.

Le lendemain de la Pride 2023, sur Twitter, j'ai observé un flot de complaintes de gays, de lesbiennes et de bis désabusés devant la nullité de l’évènement, et j’ai compris que ce sentiment était partagé.

Plusieurs motifs récurrents reviennent  :

  • Les trois quarts des slogans concernent la transidentité (« PMA pour les trans »), le « travail du sexe » (et souvent, la transidentité et le « travail du sexe » en même temps...), la politique de Macron, la sérophobie, le racisme, l’écologie, les migrants… Les termes « gays » « bis » et « lesbienne » disparaissent progressivement.

  • Le drapeau gay, arc en ciel, signe universel de paix et de tolérance est remplacé par une multitude d’autres drapeaux, dont un particulièrement laid, qui en dissimule toute une partie sous un triangle aux couleurs trans et marrons pour symboliser la convergence des luttes entre le racisme ( ?), la transidentité et l’homosexualité.

  • Les homosexuels sont en réalité relégués au second rang de la parade même s’ils représentent facilement les neuf dixièmes du mouvement. Cette année, nous étions exclus de la tête de cortège qui était réservée aux prostituées, trans et migrants. Les orientations sexuelles sont quasiment ségréguées au sein de leur propre mouvement, car « moins victimes » que d’autres. L’homosexualité devient un sujet secondaire au sein du mouvement LGBT.

Le paradigme Queer

Le mouvement LGBT est aujourd’hui parasité par une espèce de paradigme queer. Serait automatiquement queer toute personne lesbienne, gay, bi, trans, intersexe, asexuelle etc… Mais être queer n’est ni une orientation sexuelle, ni une identité de genre. Être queer s’est être exubérant, s’habiller légèrement, s’exprimer librement ou appartenir au monde de la nuit LGBT… C’est une contre-culture plus qu’une orientation sexuelle ; un terme parapluie qui se substitue à un qualificatif concret. Les queers sont minoritaires parmi les homosexuels et bisexuels, et ce sont pourtant eux qui sont les plus « bruyants ».

Être queer, c’est vivre sa sexualité (ou son identité de genre) d’une certaine manière. Être homosexuel est une orientation sexuelle, c'est quelque chose d'éminemment intime… en faire la base de sa personnalité comme le fond les queer est nauséabond. Toutes les personnalités des queers sont d’ailleurs uniformisées ; c’est un monde sans réelles couleurs où tout le monde emploie les même mots, les mêmes expressions, s’habille pareil et est obsédé par le sexe (ce qui va de soi lorsqu'on fait de son orientation sexuelle l'élément central de sa personnalité). Ces gens très colorés sontparmi les plus malheureux que j’ai jamais rencontré. En général, leur vie ne tourne qu’autour du sexe, de la drogue et des soirées.


La transidentité et l’empiètement des étiquettes

Je pense que la transidentité est un dérivé de la contre-culture queer, qui elle-même dérive de la contre-culture homosexuelle. De ce que je constate empiriquement, une immense majorité des personnes trans sont en effet queer, le reste étant souvent des marginaux. La transidentité en elle-même n’est évidemment pas un problème ; libre à chacun de vivre sa vie selon ses convictions et ses ressentis. La chose devient néanmoins problématique quand elle empiète sur les droits des autres.

Parce que quand on s’y penche (et c’est là que ça devient intéressant !) le concept de genre, lié à la transidentité, est en réalité homophobe. Le genre veut effacer le sexe. C’est la principale revendication des transactivistes. Au-delà du sexe existerait le genre qui incarnerait mieux que le sexe ce que nous sommes vraiment : c’est-à-dire un homme, une femme, une personne non-binaire ( ?), ou un peu de tout ça en même temps. Le problème c’est que l’homosexualité et la bisexualité sont des orientations sexuelles. Les femmes lesbiennes sont attirées par le sexe féminin ; les hommes gays par le sexe masculin, les personnes bisexuelles par les deux. Jusque-là tout va bien. Mais, les transactivistes, en affirmant que le sexe d’un individu n’a aucune importance et que seul le genre importe, disent clairement à tous les homos et bis : « non, tu ne dois pas aimer un sexe mais un genre ». Ce qui pousse des trans à tenir des propos totalement lesbophobes comme « les lesbiennes aiment les pénis » (phrase digne d’un mec hétéro torché qui fantasme sur les lesbiennes).

Cela fait que théorie du genre et orientation sexuelle sont incompatibles et ne peuvent coexister dans un même mouvement. Je pense que c’est même la raison principale de l’invisibilisation des bis et des homos au sein du mouvement LGBT.

Et tout ce qui ne va pas dans le sens des transactivistes est automatiquement transphobe, ce qui stoppe toute contestation. On ne peut donc plus questionner quoi que ce soit sans être accusé d'être une personne discriminante. Et sans être ostracisé tellement les trans ont pris de la place dans les mouvements LGBT. Il y a une loi du silence.


La notion de genre porte atteinte à la liberté d’orientation sexuelle.

La transidentité est une balle dans le dos de l’homosexualité, — qui a mis plusieurs siècles avant de paraitre acceptable aux yeux de la société. Je suis certain que d’ici cinq ou dix ans, la plupart des agressions homophobes seront commises par des personnes trans. Vous verrez.

Ce que des psychiatres, féministes et homosexuels critiquent dans le transgenrisme, se sont les répercussions de la transidentité sur la santé mentale, les droits des femmes et les droits des homosexuels. S’il devait y avoir une convergence des luttes c'est à cet endroit qu'elle devrait se situer, afin d'empêcher l’idéologie trans de détruire les avancées des grands combats qui l’ont précédées.

Pour conclure ce petit article je dirai juste que la cause homosexuelle n’est pas la cause queer ou la cause trans. Ce que nous dit la cause queer, c’est qu’être homosexuel c’est culturel. Ce que nous dit la cause trans c’est qu’être homosexuel est impossible parce que le sexe n’existe pas. La transidentité et le queer sont des dérivés de l’homosexualité, qui avec le temps et sous couvert d’une certaine tolérance, se sont imposés comme des paradigmes au sein du mouvement. Les premiers et premières « LGBT » ont été des modèles en ce qu’ils et elles nous ont appris à ne pas céder sous les injonctions sociales ; ils et elles nous ont appris à accepter la fluidité, à refuser les étiquettes, à tous s’unir sous un même drapeau, celui de l’arc en ciel, à refuser toute ségrégation dans le mouvement, qui unissait alors tout le monde sans qu’aucune distinction ne puisse être faite entre les individus. Aujourd’hui, leurs apprentissages se sont perdus, le mouvement a grandi et les étiquettes ont commencés à empiéter les unes sur les autres. De nouvelles injonctions sociales, comme le genre ou la culture queer nous sont imposées ; notre combat d’émancipation totale est perdu.

Très honnêtement, toute cohabitation me parait aujourd’hui impossible tant l’homosexualité est aujourd’hui invisibilisée dans le mouvement qu’elle a pourtant initié bien avant que les mots « trans », « genres » et « queer » n’existent. Une scission du mouvement parait être la meilleure solution.

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Le transgenrisme instrumentalise la cause intersexe.

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Entretien avec le collectif “Féminicides par compagnons ou ex”